Lyonel Trouillot est né le 31 décembre 1956, à Port-au-Prince, la capitale Haïtienne (« C'est une ville que j'aime, j'y vis. Même si c'est vrai qu'elle est laide »), qu’il est revenu habiter en 1975, à l’âge de dix-neuf ans, après avoir suivi sa mère aux États unis, à la fin des années 1960, après le divorce de ses parents. Ecrivain francophone et militant d'une littérature-monde, Lyonel Trouillot a accomplit des études de droit, mais, passionné par la littérature, il est devenu professeur de littérature française et créole, puis, journaliste, co-fondateur des revues Lakansyèl, Tèm et Langaj. Lyonel Trouillot à écrit et publié des poèmes, des textes critiques, des chansons, des romans et des récits. Lucide et engagé, il milite contre le manque de politique courageuse et volontaire dans son pays : « Aujourd'hui, tous les aveugles qui ont dirigé ce pays et qui nous ont exploité économiquement, sont bien forcés de voir la réalité, le résultat de leur travail ». La misère, le manque d'institutions, l'injustice ; Lyonel Trouillot les évoque dans ses œuvres, comme dans son dernier livre de poèmes, Le doux parfum des temps à venir. Il y décrit l'agonie d'une femme qui dit avoir été la victime de monstres et avoir  respiré l'odeur de la haine. « C'est quelque chose qui m'a toujours frappé, explique le poète. Le pouvoir de la haine. Et comment cette société produit et reproduit de la haine. François Duvalier est le produit de la haine. C'est le produit d'une société fondée sur l'injustice et lui, avec toutes les frustrations qu'il portait, va poser des questions très justes à la société ». Ces thématiques très dures inspirent Lyonel Trouillot, qui aimerait, évidemment qu'il en soit autrement : « Je préférerais que les gens vivent mieux. J'écrirais des poèmes d'amour, sur le bonheur ». Grand écrivain francophone, Lyonel Trouillot est l’une des voix majeures de la poésie haïtienne, avec Clément Magloire-Saint-Aude, Jean Métellus, Frankétienne et bien sûr, René Depestre et Jacques Roumain.

 

Karel HADEK

(Revue Les Hommes sans Epaules).

 

A lire, Poésie : La petite fille au regard d'ile (Éditions Mémoire, 1994), Éloge de la contemplation (Riveneuve, 2009), Le Doux Parfum des temps à venir (Actes Sud, 2013). Romans, récits : Les Fous de Saint-Antoine : traversée rythmique (Editions Deschamps, 1989), Le Livre de Marie (Editions Mémoire, 1993), Rue des pas perdus (Actes Sud, 1998), Thérèse en mille morceaux (Actes Sud, 2000), Les Enfants des héros (Actes Sud, 2002), Bicentenaire (Actes Sud/Lemeac, 2004), L'Amour avant que j'oublie (Actes Sud, 2007), Lettres de loin en loin, une correspondance haïtienne, avec Sophie Boutaud de La Combe, (Acte Sud, 2008), Yanvalou pour Charlie (Actes Sud, 2009), Haïti le dur devoir d'exister, avec Amélie Baron (Mémoire d'Encrier,  2010), La Belle Amour humaine (Actes Sud, 2011), Objectif : l'autre (André Versaille éditeur, 2012), Parabole du failli (Actes Sud, 2013).

Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules

Dossier: GEORGES BATAILLE ET L’EXPÉRIENCE DES LIMITES n° 37